Certains milieux scolaires sont très homogènes et il se peut que nous entendions rarement parler de situations de violence. Nous pouvons donc conclure qu’il n’est pas nécessaire de parler des problèmes liés à l’équité et à l’inclusion avec nos élèves. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
En réalité, tous les membres d’une communauté scolaire peuvent se sentir exclus ou subir des injustices – les élèves, les parents, les collègues et le personnel d’administration. Mais plusieurs différences peuvent être camouflées ou censurées dans une école où les personnes ne se sentent pas en sécurité.
Les jeunes qui grandissent dans des milieux plus homogènes peuvent avoir moins d’occasions de développer les outils et la sensibilisation nécessaires à la création d’un milieu équitable et inclusif. Le personnel enseignant peut avoir à faire des efforts supplémentaires pour exposer leurs élèves à ces problèmes et s’assurer qu’ils aient l’occasion de les explorer d’une manière approfondie. Les élèves auront sans doute un jour à relever des défis qui les entraîneront hors de leur zone de confort.
Afin de créer un climat où règnent l’équité et un sentiment d’appartenance, il est important que l’ensemble de l’école participe, comme c’est le cas pour les programmes de prévention de l’intimidation.
Inégalité et intimidation
Le racisme, le sexisme et l’homophobie et d’autres formes d’inégalité sont distincts de l’intimidation. Il est important de les identifier clairement pour les faire cesser. Lorsque l’on cible un aspect de l’identité sociale d’une personne en l’intimidant, on renforce les attitudes négatives qui prévalent à tous les niveaux de la société. Certaines lois, dont La Charte canadienne des droits et libertés et le Code des droits de la personne de l’Ontario, visent à assurer l’équité et l’inclusion des personnes qui appartiennent à des groupes sociaux marginalisés.
Les expressions de haine et d’agression contre les membres d’un groupe marginalisé sont différentes de l’intimidation, mais sont également liées. (Voir Module de formation sur l’intimidation). Dans les deux cas, le mépris et la supériorité sont au cœur de l’intimidation. (Voir Fawzi et Farah, Josée, et Justin.)
Multitude de formes
Bien que l’homophobie, le sexisme et le racisme se manifestent sous plusieurs formes, ils partagent certaines caractéristiques. Ils peuvent se manifester par l’expression de haine virulente, explicite et agressive. (Voir David et Jean.) Ils peuvent être dissimulés au cœur de préjugés et de stéréotypes donnant lieu à des pratiques injustes ou discriminatoires. (Voir Josée.) Souvent, l’exclusion de certains groupes revêt des formes passives, voire inconscientes. (Voir Élisabeth.) Nous pouvons exclure les autres par notre indifférence, notre silence ou par nos convictions de ce qui est « normal ». (Voir Benoît.) Nous pouvons adopter un comportement qui dresse certains groupes contre d’autres – « nous » contre « eux ». (Voir Pierre.) Nous pouvons perdre de vue l’individualité d’une personne et ne tenir compte que de son identification à un groupe. (Voir Omar.)
Impact de l’homophobie, du racisme et du sexisme
Peu importe la manifestation précise de l’inégalité, les personnes exclues, négligées ou traitées injustement peuvent partager certaines expériences à divers degrés. Elles peuvent se sentir invisibles, bâillonnées et sans voix. Elles peuvent avoir honte. Elles peuvent être fâchées, se sentir seules et sans pouvoir. Dans certains cas, elles peuvent avoir très peur et vivre un stress intense.
Un taux d’absentéisme élevé, un faible rendement scolaire et un haut taux de violence parmi les élèves peuvent inciter les adultes à regarder de plus près ce qui se passe. Les mesures disciplinaires extrêmes comme la suspension ou l’expulsion des élèves témoignent souvent de l’échec d’une société qui n’a pas réussi à inclure les jeunes et à valoriser leur participation active. (Voir Khadar.)
Rôle des adultes dans la communauté scolaire
L’inégalité sociale et l’exclusion de certaines personnes peuvent créer des privilèges pour d’autres. Pour changer les choses, il importe de comprendre comment nous pouvons bénéficier du statu quo (si nous nous identifions à un groupe social ayant un statut social dominant) et comment nous reproduisons ces dynamiques sociales négatives dans nos relations avec nos élèves. Nous pouvons apprendre comment utiliser notre pouvoir et nos privilèges de façon à contrer le déséquilibre. Nous pouvons élaborer les outils personnels et professionnels nécessaires pour créer un climat de justice et d’appartenance dans nos écoles. (Voir Favoriser l’équité).
Un des besoins humains fondamentaux est de se sentir valorisés, respectés et pleinement acceptés pour qui nous sommes. Cela nous permet toutes et tous de vivre d’une façon authentique. Pour les élèves qui sont au stade de la découverte de soi et du monde, l’atteinte de ces objectifs serait un atout précieux.
Une étape importante à franchir pour minimiser les répercussions de ces problèmes est de parler de la manifestation et des effets du racisme, du sexisme et de l’homophobie dans les écoles et dans les collectivités.
« En parler » nous permet de mieux comprendre le vécu des personnes vulnérables et de susciter un sentiment d’empathie chez les personnes qui pourraient perpétrer des agressions, consciemment ou inconsciemment. (Voir Favoriser l’équité/ Cultiver l’empathie). C’est la première étape du processus qui nous amène à devenir l’alliée ou l’allié des personnes marginalisées.
Pour devenir une alliée ou un allié, nous pouvons d’abord commencer par nous conscientiser à ce que vivent les personnes exposées à ces problèmes tous les jours. (Voir Favoriser l’équité/ Prendre conscience.) Cela nous permet également d’analyser les dynamiques des identités et des privilèges et nous donne l’occasion d’augmenter le pouvoir des personnes qui en ont moins.
Ce processus d’autoréflexion pourrait engendrer des sentiments de culpabilité chez les personnes qui appartiennent aux groupes privilégiés lorsqu’elles se rendent compte des avantages qu’elles tirent de leur statut. Il importe qu’elles se rappellent qu’elles ne sont pas responsables d’avoir acquis ces privilèges car il s’agit d’un problème collectif et systémique. En faisant l’effort de devenir une alliée ou un allié (voir Favoriser l’équité), nous recherchons activement des moyens de nous acquitter de nos responsabilités individuelles.
Pour créer un climat de justice et un sentiment d’appartenance dans leur école, les enseignantes et les enseignants peuvent :
- évaluer leurs privilèges et leur partialité et en être plus conscients (voir Racisme, sexisme et homophobie, et Réflexion : Exercices et exemples/Exercices de réflexion personnelle);
- encourager leurs collègues à explorer ces problèmes et à en parler;
- faire cesser les actes de nature sexiste, raciste et homophobe chaque fois qu’ils en sont témoins. (Voir Stratégies d’action positive/Stratégies réactives.)
Pour des idées de stratégies et activités concrètes pour favoriser l’équité et promouvoir l’éducation inclusive dans nos écoles, voir Favoriser l’équité et Stratégies d’actions positives.
Le récit divertissant Construire une maison pour la diversité : la fable de la girafe et l’éléphant explique comment les privilèges et les présomptions excluent les gens et donnent lieu à des situations injustes.