Josée est en 11e année. Confiante, elle prend ses études au sérieux. Dans son cours d’études sociales, l’enseignant lance l’idée d’un débat au cours duquel les élèves formeraient des équipes de deux. Une personne parlerait en faveur d’un concept, l’autre contre. Josée est très enthousiasmée par ce projet. Elle a choisi le thème « action affirmative » pour argumenter qu’il est important d’en faire une politique sociale. Elle est jumelée à Bruno, un garçon amusant, populaire et nonchalant. Elle a fait beaucoup de recherches dans Internet et est excessivement bien préparée pour le débat.
Pendant le débat, tout le monde se rend compte que Josée en sait beaucoup plus que Bruno, qui n’arrive pas à lui donner la réplique. De toute évidence, Bruno ne s’est pas bien préparé. Il est gêné et il se met à faire des blagues et à ridiculiser le processus, faisant rire les autres élèves. Josée continue d’argumenter, mais lorsqu’elle s’aperçoit que Bruno ne prend pas le débat au sérieux, elle exprime sa frustration en disant : « Si tu ne prends pas le débat au sérieux, je ne vais pas perdre mon temps. » Et elle retourne à sa place, mettant ainsi fin au débat.
À la fin du cours, une fois que l’enseignant a quitté les lieux, Bruno l’aborde en disant : « Quel est ton problème? Es-tu une espèce de casse-couilles? » Josée est complètement stupéfaite. Bruno s’éloigne avec son groupe d’amis, en riant. Plus tard, Josée entend d’autres élèves parler de l’incident. « Elle était tellement chienne », dit un des élèves, « Oui, elle était tellement agressive envers lui. Elle n’arrêtait pas de parler et ne laissait aucune chance au pauvre gars de placer un mot », disait un autre. « Je ne sais pas pour qui elle se prend. Elle devrait être moins intense, elle devrait avaler une pilule », s’est exclamé un troisième élève. « Elle est tellement agressive et dominatrice! J’ai de la peine pour son petit ami. »
Josée est dévastée mais en même temps mystifiée par l’attitude de ses camarades. Cela n’a aucun sens à ses yeux. Elle décide d’en parler à ses amies les plus proches. Ses copines lui disent de ne pas en faire un plat. Josée refuse, affirmant qu’elle a le droit de se fâcher. « Si j’en sais plus que Bruno parce que j’ai travaillé plus fort, pourquoi ne devrais-je pas le montrer? Parce que je suis une fille, je ne suis pas supposée parler plus qu’un gars? Ou me fâcher s’il rit et ridiculise un sujet qui est important pour moi? Ce n’est pas juste. Personne n’aurait réagi comme cela si j’étais un garçon. »
Les filles se regardent. Elles sont mortifiées par le ton et les paroles de Josée. « Pardon Josée. » lui a dit son amie Julie. « Tu as raison, ils n’auraient probablement pas réagi de cette façon si tu étais un garçon. » À partir de ce moment, Josée décide de ne plus jamais laisser personne lui dire de se taire au sujet des choses qui sont importantes pour elle.