Que signifie avoir du pouvoir, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe?
Pouvoir, choix et capacité d’agir
Le pouvoir donne aux gens des options pour qu’ils puissent faire des choix et prendre des décisions dans leur propre intérêt. Il leur donne aussi la possibilité de s’exprimer et de faire bouger les choses comme ils le veulent.
Pouvoir et privilège
Avoir plus de pouvoir qu’une autre personne peut donner certains privilèges. Cela est particulièrement vrai lorsqu’on fait partie d’un groupe qui a du pouvoir dans la société. Chaque membre du groupe qui a du pouvoir prend des décisions, fait des choix, prend des mesures et fait bouger les choses dans son propre intérêt. En quelque sorte, collectivement, ces gens façonnent la société à leur image. Lorsqu’une personne de ce groupe social examine le monde autour d’elle, ce sont souvent ses propres valeurs, expériences, idées et croyances qu’elle y trouve.
Par exemple
- Les histoires relatées à la télévision sont habituellement sur les personnes qui lui ressemblent et qui agissent, pensent et vivent comme elle.
- Les livres sont souvent rédigés par des personnes qui partagent son point de vue, qui lui ressemblent et qui agissent, pensent et vivent comme elle.
- Les gens qui sont dans une position de pouvoir (par exemple au travail, dans la vie publique ou politique) ont tendance à lui ressembler, à agir, à penser et à vivre comme elle.
Dans le contexte francophone, les Francophones issues des communautés ethnoculturelles marginalisées peuvent vivre un sentiment d’inégalité à l’intérieur de la grande collectivité francophone. Pour leur part, les Francophones nés au Canada forment eux-mêmes une minorité à l’intérieur de la société anglophone majoritaire.
Par exemple
- Si une personne francophone dite de « souche » est dans un milieu minoritaire, cette personne est sujette à un déséquilibre de pouvoir et pourrait subir un traitement inéquitable par rapport au groupe majoritaire anglophone. Par contre, vis-à-vis un Francophone d’un groupe ethnoculturel marginalisé, le Francophone de « souche » retient souvent plus de pouvoir et de privilège au sein de la collectivité francophone.
Cette dynamique de pouvoir a un impact significatif sur l’identité et le sentiment d’appartenance des personnes.
Identité comme source d’appartenance et de pouvoir
Lorsque les points de vue et les expériences d’une personne sont validés, elle a tendance à avoir plus confiance en elle-même et à une meilleure estime de soi. Un tel renforcement positif l’encourage à s’identifier aux personnes qui lui ressemblent, ce qui solidifie davantage sa vision du monde.
Choisir de reconnaître les points communs que nous partageons avec les personnes qui nous ressemblent peut générer un sentiment d’appartenance, de pouvoir et de sécurité même si les membres du groupe auquel on appartient n’ont pas de pouvoir dans la société et même si ce geste ne contribue pas à améliorer notre statut social.
Par exemple
- Comme Francophones en situation minoritaire, nous pouvons retirer d’énormes bénéfices lorsque nous nous engageons au sein de nos collectivités, en participant aux activités en français ou autrement.
- En raison de la force que l’on puise en s’identifiant à un groupe social (voir David), il importe de faciliter ce processus pour les jeunes en reconnaissant et en acceptant les différences dans nos écoles. Nous nous efforçons en tant qu’éducatrices et éducateurs francophones à créer des milieux scolaires où les jeunes élèves dans les écoles de langue française ont un lien positif avec leur identité francophone. (Voir Omar.)
Reconnaître et accepter les différences
En tant qu’enseignantes et enseignants, nous constatons une grande diversité dans notre école. Que l’on vive dans le Sud ou le Nord, en région rurale ou urbaine, on retrouve les différences suivantes:
- Modes d’apprentissage
- Diverses capacités intellectuelles et physiques
- Différents sexes et différentes identités de genre ou orientations sexuelles
- Diverses origines ethniques (y compris les Autochtones)
- Différent statut d’immigration
- Différent statut socioéconomique
- Différentes religions et croyances spirituelles (y compris les personnes athées)
Nous sommes de plus en plus conscients de la riche diversité de notre collectivité et de la contribution importante des différents groupes. À l’inverse, l’idée qu’il nous faut « tolérer » les différences implique qu’un groupe représentant la norme « endure » un autre groupe hors-norme. Plutôt que de tolérer, il importe de reconnaître et d’encourager les différences qui caractérisent les groupes d’élèves, nos collègues et les citoyennes et citoyens, et de les inclure pleinement dans la vie de tous les jours.
Quelques questions à vous poser :
- Quelles sont les différences que je vois chez mes élèves?
- De quelles différences suis-je consciente ou conscient sans qu’elles soient apparentes?
- Quelles différences existent même si je ne les vois pas et ne les connais pas?
- Qu’est-ce que je sais sur l’identité qui est importante aux yeux des élèves en tant qu’individus dans ma classe?
- Est-ce que j’ai présumé quoi que ce soit sur l’identité de mes élèves?