Il importe de comprendre la dynamique du pouvoir en jeu dans les interactions entre les parents et le personnel enseignant avant de discuter d’un partage du pouvoir.
Bien que les deux parties soient des adultes détenant en principe le même pouvoir, plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu dans la dynamique et teinter le contexte. Par exemple, les deux parties ont un certain pouvoir lié à leur rôle respectif, mais peuvent parfois avoir un sentiment d’impuissance. Il existe dans certains cas une hiérarchie invisible ou sous-entendue à l’école (comme dans tout autre établissement ou rassemblement d’êtres humains). Certains parents peuvent avoir plus d’influence ou de pouvoir personnel. Ils peuvent avoir une relation personnelle plus étroite avec la direction. Ajoutons à cela la dynamique du pouvoir liée aux iniquités sociales et à l’exclusion, et nous nous trouvons au beau milieu d’une situation assez complexe.
Une enseignante ou un enseignant d’un groupe marginalisé peut avoir à collaborer avec un parent d’un groupe dominant. Par exemple, une enseignante ou un enseignant qui a immigré et qui fait partie d’une minorité visible rencontre un parent d’un groupe ethnoculturel dominant, et cette personne est une avocate bien établie. Cette situation peut avoir des répercussions sur les dynamiques de pouvoir en jeu entre la professionnelle ou le professionnel en position d’autorité et un parent éduqué possédant d’excellentes compétences en communication et connaissant ses droits, mais qui ne fait pas figure d’autorité dans le système scolaire.
De même, un parent transgenre (par exemple, une personne qui s’identifie comme femme, mais qui est un homme biologiquement) peut approcher une enseignante ou un enseignant cisgenre en manifestant beaucoup d’angoisse. Cette femme peut s’inquiéter de l’accueil qu’on lui réservera et se demander si on respectera et acceptera son identité. Dans une telle situation, la dynamique du pouvoir peut être en déséquilibre étant donné que cette personne manque de pouvoir socialement, et se sent également moins confiante dans ses capacités de défendre ses droits et ceux de son enfant.
Pensez à certaines de vos interactions avec les parents de vos élèves.
- Est-ce que j’ai déjà eu le sentiment d’avoir plus de pouvoir que les parents?
- Est-ce que j’ai déjà eu le sentiment qu’un parent avait plus de pouvoir?
- Dans les deux cas, quels facteurs vous a permis d’identifier le déséquilibre de pouvoir?
- Quelle était la source du déséquilibre?
- Est-ce que j’aurais pu faire quelque chose ou est-ce que j’aurais aimé faire quelque chose pour partager le pouvoir dans cette situation?
- Quelle aurait été la différence si le pouvoir avait été partagé?