Lorsqu’on refuse de reconnaître le caractère systémique des situations d’intimidation et des problèmes d’iniquité, on perçoit tout incident comme étant une exception dysfonctionnelle au sein de l’école. Les membres du personnel enseignant et d’administration peuvent ressentir beaucoup de pression pour s’assurer que toute situation semble « sous contrôle ». Cela peut les amener à nier la présence d’intimidation et de discrimination ou à refuser d’admettre que ce problème existe par crainte que l’on les accuse d’avoir échoué à la tâche ou d’être incompétents.
Ce genre de pression exercée sur les membres du personnel enseignant pour avoir l’air « parfaits » et présenter l’école ou la salle de classe comme étant libre de toute intimidation et d’iniquité peut les pousser à renforcer la hiérarchie à l’école et à prendre le contrôle. La communauté scolaire peut se trouver ainsi divisée en groupes qui fonctionnent avec un esprit territorial entraînant des luttes de pouvoir.
Dans un tel contexte, on peut percevoir les parents comme étant des « dangers publics » ou des éléments imprévisibles à « écarter ». Les membres de la direction d’une école peuvent avoir peur de remettre le pouvoir et le contrôle entre les mains des parents par crainte de perdre le soutien du personnel enseignant et de l’école qui, à leur tour, peuvent avoir peur de perdre le contrôle de leur milieu de travail. Il peut sembler que les membres de l’administration doivent nécessairement jongler avec ce qu’il y a de mieux pour le personnel, d’une part, ou faire des compromis pour pouvoir appuyer et inclure les parents, d’autre part.
La pression exercée sur les membres du personnel d’administration pour qu’ils répondent de leurs actes et respectent les protocoles et les politiques est réelle et intense. Ceux-ci sont tenus de trouver des moyens de contourner cet obstacle potentiel afin de favoriser une approche et un climat fondés sur la coopération. En réalité, il est nécessaire de comprendre que l’intimidation et les iniquités sont de nature systémique, et donc inévitables. La « réussite » repose sur des mesures constructives et positives propices à la reconnaissance et à la prévention de l’intimidation et des iniquités et à savoir comment intervenir dans ces situations.
Lorsqu’une enseignante ou un enseignant, un.e élève ou un parent signale un problème d’iniquité ou une situation d’intimidation, il est important que nous interprétions ce geste comme étant constructif avec l’objectif de dénoncer l’inacceptable, et non pas comme étant un échec de la part du personnel enseignant ou administratif. Si les membres du personnel d’une école déclarent ne pas voir de problèmes d’intimidation ou d’iniquité, il est fort à parier que quelque chose leur échappe ou qu’ils omettent de prendre des mesures concrètes pour assurer une plus grande sécurité dans leur école et dans leur salle de classe.