Un enseignant m’a lancé le défi de jouer une note très, très élevée sur l’instrument de musique que j’apprenais à jouer et c’était formidable parce que je me suis rendu compte que je pouvais le faire. Au lieu de m’avoir lancé un défi négatif, c’était très positif.
Les adultes sont de véritables miroirs pour les jeunes. Ils les aident à façonner et à former leur perception d’elles-mêmes et d’eux-mêmes au fur et à mesure qu’elles et ils absorbent ce que nous leur renvoyons comme images. Comme toujours, notre influence offre la possibilité de favoriser le développement sain des jeunes et de renforcer leur croyance en leurs propres capacités.
Il est important que les élèves voient et perçoivent notre confiance en elles et en eux et en leurs capacités. En transmettant notre perception d’elles et d’eux comme des personnes fortes et confiantes, on risque de voir leurs yeux et leurs visages s’illuminer. Ces étincelles et ces élans de confiance peuvent représenter un moment décisif dans la vie des jeunes. Nous pouvons encourager les élèves à voir et à célébrer leur force et leur confiance en soi et celles des autres.
Croire en la capacité des élèves marginalisés, cela veut dire croire en la valeur, l’importance et la légitimité de leur groupe social ou culturel. Notre attitude d’acceptation et de respect imprégnera les mots et le ton de voix que nous utilisons pour enseigner.
Nous pouvons veiller à ce que les élèves assimilent notre foi en leur capacité en :
- les encourageant : lorsque les élèves établissent des objectifs ou créent une vision pour leur avenir, nous pouvons les soutenir et les aider à atteindre leurs objectifs. Dans certains cas, les élèves peuvent découvrir que leurs objectifs ne sont pas réalistes. Cela peut faire partie de leur découverte et de leur apprentissage. Notre rôle est de faire tout en notre pouvoir pour les soutenir et les outiller pour qu’elles et ils puissent réaliser leurs objectifs;
- les rassurant et en normalisant leur expérience : lorsque les élèves ont des doutes ou font face inévitablement à des revers, nous pouvons les rassurer en validant et en normalisant leur expérience;
- exprimant de l’optimisme et de la confiance : lorsque les jeunes font une suggestion ou transmettent leurs idées, nous pouvons exprimer notre confiance dans leur capacité et notre optimisme qu’elles et ils peuvent atteindre leur objectif;
- communiquant notre foi en elles et en eux : nous pouvons présumer que les élèves sont capables d’agir. Lorsque les élèves parlent d’un problème, ou si nous observons un comportement trahissant un manque d’expérience ou une attitude problématique, nous pouvons leur dire que nous avons confiance en leur capacité de résoudre le problème, d’apprendre une nouvelle compétence ou de modifier leur comportement;
- étant conscients de notre influence : être conscients de notre pouvoir et de notre influence en tant qu’adultes signifie être conscients de l’effet que nous avons sur les jeunes. Les élèves nous observent de près. Elles et ils remarquent notre langage corporel, notre contact visuel et le ton de notre voix. Les jeunes peuvent être sensibles à des démonstrations de favoritisme. Si elles ou ils ont l’impression que nous encourageons ou estimons certains élèves au détriment d’autres, cela peut les décourager et les aliéner. Bien que nous ne puissions pas contrôler la perception des élèves, et que nous ayons parfois à porter une attention particulière à certains élèves plus qu’à d’autres, nous pouvons faire de notre mieux pour veiller à ce que tous les élèves se sentent valorisés et importants;
- leur faisant confiance : nous pouvons faire confiance aux élèves par défaut. Nous pouvons continuer à penser que les jeunes sont beaucoup plus que ce que l’on voit dans les moments difficiles. Si les élèves brisent notre confiance, nous pouvons leur donner la chance de la regagner. Nous gardons ainsi la porte ouverte et veillons à ce que les élèves aient l’occasion de se réchapper. En offrant aux élèves la chance de réparer leurs erreurs, nous reconnaissons que toutes les personnes font des erreurs et encadrons cette incidence comme une occasion d’apprentissage;
- maintenant nos attentes élevées : pour favoriser l’autonomisation, il importe de faire comprendre aux jeunes que nous savons que chaque élève peut réussir à atteindre ses objectifs. Nos attentes élevées, lorsqu’elles sont établies en relation avec les objectifs et la vision des élèves, peuvent les motiver à s’investir dans leur apprentissage afin de réussir. Nous pouvons veiller à ce que tous nos élèves réussissent d’une manière ou d’une autre, en tenant compte de toutes nos différences et toutes nos forces en tant qu’êtres humains.
Nous entendons souvent les adultes dire que « les jeunes sont l’avenir ». Les jeunes aussi proclament leur valeur et réclame leur droit de contrôler leur vie en prononçant cette phrase. Bien sûr, il s’agit là d’une évidence. Pourtant, cette phrase peut banaliser l’influence et la responsabilité primaires des adultes en ce qui concerne l’avenir des jeunes par les moyens que nous prenons pour les préparer à ce rôle. Par ailleurs, cette même phrase peut brouiller les cartes en ce qui concerne le besoin de voir et d’entendre ce que nous disent nos élèves : les jeunes sont également le présent; nier leurs besoins ou tarder à y répondre a un impact sur leur développement, maintenant et plus tard.
Parmi les choses que les adultes font qui nous empêchent de nous exprimer est le fait qu’ils pensent qu’on est ignorants, qu’on ne sait rien encore ou qu’on n’a pas encore assez vécu pour avoir assez d’expérience. Mais, je pense que s’ils prenaient le temps d’écouter, ils nous aideraient à acquérir l’expérience qu’on a besoin. Laissez-nous nous exprimer, nous acquerrons de l’expérience et nous pourrons nous épanouir.