Les adultes méprisent souvent les jeunes et ne prennent pas leurs idées au sérieux. Les adultes peuvent nous aider en nous prenant plus au sérieux et en nous traitant d’égal à égal.
L’adultisme part principalement du postulat que les adultes sont supérieurs aux jeunes. Toute une gamme de convictions négatives ou condescendantes au sujet des jeunes viennent renforcer et justifier la mauvaise utilisation du pouvoir des adultes. On perçoit les adolescent.e.s comme étant des fauteurs de trouble irrationnels et imprévisibles, irresponsables ou dépourvus de sens, indifférents à tout, sauf à ce qui est superficiel. Les adultes peuvent considérer les enfants et les adolescent.e.s comme étant beaux et charmants, tout en continuant à dévaloriser leurs inquiétudes et leurs besoins et à ne pas tenir compte de leur intelligence, de leurs idées et de leur sagesse.
L’adultisme se manifeste dans la vie de tous les jours par des paroles et des gestes subtils et ordinaires qui passent souvent inaperçus et qui servent à renforcer le privilège des adultes. L’adultisme est souvent invisible parce qu’il est largement la norme pour les interactions entre adultes et jeunes dans notre société.
La règle de deux poids, deux mesures dans les relations entre jeunes et adultes est un exemple du privilège des adultes découlant de l’adultisme. Par exemple, quand une personne adulte exprime poliment son désaccord ou son opinion on considère qu’elle s’affirme. Quand une jeune personne agit ainsi, il arrive souvent qu’on la perçoive comme étant difficile ou impertinente. Minimiser ou balayer du revers de la main les sentiments des jeunes (« Tu fais une tempête dans un verre d’eau. ») ou leurs idées (« J’aimerais maintenant que tu parles sérieusement. Ce n’est tout simplement pas approprié dans une école. »), exclure leur opinion (« Tu es trop jeune pour comprendre. ») ou ne pas croire leur compte rendu d’une situation (« Je pense que tu exagères un peu. ») sont d’autres exemples d’adultisme.
En tant qu’adultes, nous utilisons nos privilèges lorsque nous prenons des décisions qui touchent la vie des élèves à l’école pour notre propre avantage. Bien sûr, il est toujours plus facile (dans le court terme) de prendre les décisions nous-mêmes, de dire par exemple, « Aujourd’hui, nous allons au gymnase et non au parc », plutôt que de demander l’opinion des élèves pour savoir ce qu’elles et ils préfèrent ou de leur proposer des options et de les laisser choisir.
Nous pouvons aussi décider de retenir de l’information comme autre forme de pouvoir en ne communiquant pas tous les faits afin d’augmenter la probabilité que les élèves prennent la décision que nous privilégions.
L’adultisme s’inscrit dans un continuum de manifestations du pouvoir utilisé à mauvais escient par une personne adulte, de la forme la plus normale et la plus subtile à la forme la plus explicite et la plus agressive. L’exemple le plus extrême et le plus nuisible de la dominance des adultes est la violence et l’agression faites aux enfants et aux jeunes. Bien que ces abus de pouvoir explicites et destructeurs qui ciblent directement le bien-être des jeunes sont clairement condamnables, voire illégaux, il est important de reconnaître les racines qu’ils partagent avec des formes d’adultisme plus ordinaires, soit la croyance que les adultes sont supérieurs et que leurs besoins priment.