L’intimidation a des conséquences importantes pour la personne qui a recours à l’intimidation, sa cible et les personnes qui sont témoins des actes. L’étude à long terme sur l’intimidation réalisée par Leonard Eron il y a plus de 30ans démontre que la plupart des élèves qui avaient recours à l’intimidation en troisième année y avaient toujours recours à la fin de leurs études secondaires. À l’âge de 30ans, 25% des personnes qui avaient commis des actes d’intimidation à un âge précoce avaient un dossier criminel. En outre, les hommes étaient plus enclins à avoir des comportements abusifs dans leurs relations intimes. Les femmes qui avaient eu recours à l’intimidation avaient davantage tendance à avoir des comportements abusifs envers leurs enfants. L’étude démontre également une corrélation entre l’intimidation et tout un éventail de problèmes sociaux, notamment la difficulté à garder un emploi, la dépendance à l’alcool ou aux drogues et le divorce.
D’autres études démontrent que les garçons et les filles qui ont recours à l’intimidation et en sont la cible souffrent davantage de dépression que les autres élèves. Ces filles sont aussi plus susceptibles de songer sérieusement au suicide, de faire une tentative de suicide, de se mutiler ou de se suicider.
Les victimes d’intimidation ont peur d’envenimer davantage la situation si elles en parlent à une autre personne. De plus, elles ont l’impression qu’on ne peut pas changer la situation de toute façon. Elles ont honte et se sentent coupables parce qu’elles ne parviennent pas à faire face à la situation, ce qui les rend anxieuses et malheureuses. Elles souffrent d’isolement et d’exclusion. Chose peu surprenante, elles se sentent souvent moins compétentes et moins sûres d’elles-mêmes que les autres élèves et ont constamment besoin d’être rassurées par un adulte. Elles peuvent avoir de la difficulté à nouer des relations interpersonnelles et avoir des problèmes d’apprentissage, peu importe leurs capacités. Peter Randall indique qu’elles peuvent également avoir de la difficulté à dormir, démontrer des signes de dépression, tomber malade, avoir des problèmes à se concentrer sur les travaux scolaires et refuser régulièrement d’aller à l’école. Les personnes qui se font intimider peuvent soudainement prendre un nouveau chemin pour se rendre à l’école ou retourner à la maison en vue d’éviter les personnes qui les intimident. Elles peuvent aussi commencer à voler pour pouvoir payer ce que ces personnes leur exigent.
Les cibles d’intimidation sont souvent incapables d’éliminer la marque de victime, peu importe ce qu’elles font. Elles peuvent être dénigrées par les autres élèves pendant les travaux d’équipe, être choisies en dernier pour faire partie d’une équipe ou constater que personne ne veut travailler avec elles. Elles peuvent être impliquées dans des bagarres et même en être tenues responsables, même si elles n’ont pas choisi d’y participer. Plus elles sont la cible d’intimidation, plus elles se sentent isolées, plus les personnes qui se livrent à l’intimidation sont capables de les déshumaniser. Les personnes qui se font intimider, tout comme celles qui ont recours à l’intimidation, risquent davantage d’adopter des comportements antisociaux à l’adolescence et à l’âge adulte. Les actes d’intimidation minent le sens d’identité et de sécurité personnelle de la personne qui subit les actes.
L’intimidation a aussi des effets négatifs sur les témoins des actes. Ils sont souvent captivés par le débordement d’émotions, s’alignent fréquemment avec l’élève qui a recours à l’intimidation, apprennent à « blâmer la personne qui se fait intimider » ou décident que leur décision de ne pas intervenir les rend coupable d’échec implicite. Si les adultes hésitent à intervenir, les jeunes pourraient alors croire que les personnes qui ont du pouvoir ont le droit d’agresser les autres et jouissent d’une meilleure position sociale grâce à leurs actions. Ils pourraient même saisir les occasions d’afficher le même comportement antisocial. De nombreux témoins d’actes d’intimidation sont tristes et angoissés et se sentent en danger. Cela peut grandement influencer la capacité de concentration et d’apprentissage de l’enfant.
En réalité, l’intimidation a un effet dévastateur sur l’ensemble du milieu scolaire. Certains enfants qui ont recours à l’intimidation ont appris des attitudes et des comportements qui minent leur capacité de collaborer, de s’intégrer à un groupe d’élèves et de respecter les différences et les droits des autres.