L’intimidation est une forme d’agression qui peut survenir lorsqu’il y a un déséquilibre des pouvoirs. Une personne perd alors son droit d’être en sécurité, forte et libre. En reconnaissant que l’élève qui subit des actes d’intimidation a l’impression d’avoir perdu du pouvoir sur le plan personnel, une enseignante ou un enseignant peut aider cet élève à réapproprier le pouvoir qui lui appartient, c’est-à-dire lui permettre de se prendre en charge. L’élève s’engagera avec un adulte dans un processus de résolution de problèmes qui reconnaît et renforce les ressources internes et externes de l’élève.
Ce processus consiste à explorer les différents choix qui s’offrent à l’élève, à établir des stratégies efficaces, à renforcer ses aptitudes et, en général, à trouver des façons d’affermir sa confiance en soi, son estime de soi, le soutien des autres et son autonomie. La prise en charge peut toutefois commencer bien avant que l’enseignante ou l’enseignant et l’élève cherchent ensemble à établir des stratégies. Simplement en étant totalement présente ou présent, en maintenant un milieu respectueux et exempt de jugements et en donnant à l’élève l’espace et le temps d’exprimer ses besoins, une enseignante ou un enseignant offre un cadeau précieux à l’élève qui se fait intimider.
L’écoute active aide à créer un milieu favorable. Si une ou un élève avoue qu’elle ou il se fait intimider, vous pouvez :
- Rester calme (prenez de profondes respirations de façon régulière).
- Croire l’élève. Par exemple, s’il y a des incohérences dans l’histoire de l’élève, dites-vous que son histoire deviendra plus claire à mesure qu’elle ou il la racontera.
- Respecter le rythme de l’élève (évitez de l’interroger en lui posant une série de questions, tolérez des périodes de silence si elles semblent naturelles et confortables, etc.).
- Poser des questions ouvertes (auxquelles on ne peut pas répondre par oui ou non) dans la mesure du possible si vous avez besoin de renseignements. Par exemple, posez la question « Depuis combien de temps ça dure? » permet d’obtenir plus de renseignements que la question « Est-ce que ça dure depuis longtemps? ».
- Éviter de faire des suppositions ou de projeter vos propres sentiments sur l’enfant ou l’adolescente ou l’adolescent. Vérifiez que vous avez bien compris ce que l’élève vient de vous avouer. Vous pouvez par exemple paraphraser ce que vous pensez avoir entendu: Tu dis que tout a commencé l’an dernier, mais que la situation a empiré cette année? Vous pouvez demander des clarifications: On dirait que tu te sens plutôt seul et que tu aurais aimé n’avoir jamais mis les pieds dans cette école. Est-ce que je metrompe?
- Aider l’élève à identifier et à nommer ses sentiments. Si vous pensez que vous pouvez l’aider à nommer ses sentiments, aidez-la ou le en disant, par exemple : Tu sembles être très triste en ce moment, tu dois sûrement avoir très peur, etc.
- Accorder la priorité aux besoins et aux sentiments de l’élève. Par exemple, si les expériences de l’élève déclenchent des sentiments difficiles pour vous, il est important que vous ne les mettiez pas au premier plan.
- Éviter de faire des promesses (par exemple de promettre que tout va s’arranger, que les actes cesseront ou que vous n’en parlerez à personne – vous aurez peut-être besoin d’en parler à quelqu’un pour obtenir de l’aide).
- Lui faire comprendre clairement que c’est l’élève qui a recours à l’intimidation qui est responsable et que les actes sont inacceptables (ce n’est pas correct, personne n’a le droit de traiter une autre personne comme ça, tu ne mérites pas d’être traité comme ça, personne ne le mérite, etc.).
- Lui montrer qu’il lui a fallu beaucoup de courage pour venir vous parler et lui montrer que vous l’admirez pour ce geste (tu sais, ce n’est pas facile de demander de l’aide dans une situation comme ça, je suis vraiment content que tu sois venu me parler, tu es très courageuse ou courageux, etc.).
On ne saurait surestimer l’influence positive qu’une enseignante ou un enseignant peut avoir sur la vie d’une ou d’un élève en détresse. Certains élèves ne vivront que très rarement ces moments au cours de leur vie. En acceptant simplement d’être présents et respectueux et d’écouter sans juger, les enseignantes et les enseignants leur offrent un peu deréconfort.