Critères
Pour évaluer si la mesure ou la stratégie de prévention de l’intimidation incluse dans le code de conduite de votre école encourage les enfants, les adolescentes et les adolescents à se prendre en charge, posez-vous les questions suivantes:
1. Est-ce qu’elle les aide à acquérir de nouvelles aptitudes et à développer leurs forces?
Une stratégie fondée sur la prise en charge met l’accent sur ce qu’elles et qu’ils peuvent faire – ou peuvent apprendre à faire – plutôt que sur ce qu’elles et qu’ils et elles ne peuvent pas ou ne devraient pas faire.
2. Est-ce ce qu’elle encourage des attitudes, des valeurs et des opinions qui les motivent davantage à garantir le respect de leurs droits et de ceux des autres?
La notion de droits personnels est la pierre angulaire de toute stratégie fondée sur la prise en charge. La responsabilité de respecter les droits des autres est indissociable du respect de ses propres droits.
3. Est-ce qu’elle favorise leur autonomie?
Accroître l’autonomie sans cesser de donner un soutien et des conseils adaptés à l’âge de l’enfant ou de l’adolescente ou de l’adolescent est très important pour assurer un sain développement. Une stratégie de prévention de l’intimidation fondée sur la prise en charge doit aider un enfant, une adolescente ou un adolescent à renforcer sa confiance en soi et à acquérir davantage d’aptitudes, en plus de l’amener à agir de façon de plus en plus autonome – sans cesser de demander de l’aide et du soutien au besoin.
4. Est-ce qu’elle accroît leur mobilité?
La liberté de mouvement est considérée comme un droit fondamental dans notre société. La capacité des jeunes de se prévaloir de ce droit augmente à mesure qu’elles et ils se développent. Les stratégies de prévention qui restreignent la liberté individuelle de mouvement pour éviter le danger (par exemple en suggérant d’éviter certaines places, de prendre un chemin précis pour aller à la maison ou de rester à la maison) compromettent aussi le sain développement des enfants, des adolescentes et des adolescents. Une stratégie fondée sur la prise en charge favorise le sain développement en accordant une liberté de mouvement adaptée à l’âge de l’enfant ou de l’adolescente ou de l’adolescent.
5. Est-ce qu’elle garantit leur liberté?
Une stratégie de prévention fondée sur la prise en charge doit permettre à un enfant, à une adolescente ou à un adolescent d’examiner les options qui s’offrent à elle ou à lui et de prendre la décision la plus judicieuse pour elle ou lui. Comme les aptitudes pour la prise de décisions se développent à mesure que les enfants, les adolescentes et les adolescents grandissent (et ont des occasions de pratiquer), il est nécessaire que les adultes continuent de les superviser. Les adultes ont la responsabilité d’utiliser leur pouvoir d’une façon positive. Il est important que les élèves apprennent que personne ne jouissent pas d’une liberté absolue et que notre propre liberté est toujours limitée par le droit d’une autre personne à la sécurité, à la force et à la liberté. Cela signifie que nos droits sont tempérés par notre responsabilité de respecter les droits des autres.
Quelques conseils
Les conseils ci-dessous prennent appui sur la notion de prise en charge par les enfants, les adolescentes et les adolescents. Ils visent à favoriser une saine communication si vous intervenez dans une situation d’intimidation. Ils peuvent aussi se révéler utiles au moment d’élaborer un code de conduite.
1. Reconnaissez qu’il y a un déséquilibre des pouvoirs à la base de tout cas d’intimidation ou d’agression.
En essayant de comprendre la dynamique des pouvoirs dans les relations sociales des élèves, un adulte pourra intervenir efficacement et prévenir et réduire les actes d’intimidation. Plus il essaie de découvrir les rôles joués par chaque élève (par exemple les témoins, l’élève qui subit les actes et l’élève qui a recours aux actes), plus il sera capable de bien réagir.
2. Envisagez et traitez les actes d’intimidation et les autres manquements au code de conduite comme des occasions d’apprentissage.
L’intimidation est un comportement appris, ce qui signifie qu’il peut aussi être « désappris ». La punition n’est pas une solution efficace parce qu’elle ne permet pas à l’élève d’apprendre de nouvelles attitudes et de nouveaux comportements. En veillant à ce qu’une ou qu’un élève subisse les conséquences naturelles de ses actions, le personnel enseignant lui donne la chance d’apprendre de ses expériences et de ses choix. Il est tout aussi important de lui offrir du soutien et des occasions d’acquérir les aptitudes dont elle ou il a besoin pour changer.
3. Ne confondez pas le comportement de l’élève et l’élève en tant que personne.
L’enseignante ou l’enseignant peut s’assurer que le rejet des actes d’intimidation d’un élève ne mène pas au rejet de l’élève en tant que personne.
4. Ne cessez pas de croire que chaque élève peut changer.
Cette certitude transparaît chaque fois que vous réagissez à un cas d’intimidation ou de non-respect du code de conduite. Il importe de demeurer optimiste et de croire que les élèves peuvent et veulent changer et laisser transparaître cet état d’esprit dans vos paroles. Évitez d’étiqueter une ou un élève comme un « intimidateur » ou une « victime ». Parlez plutôt de « l’élève qui a recours à l’intimidation » et de « l’élève qui subit l’intimidation ».
5. Reconnaissez et communiquez clairement que l’élève qui subit les actes d’intimidation n’est jamais responsable et que rien au monde ne peut justifier l’intimidation ni aucune forme d’agression.
Certains types de comportements (intimidation, harcèlement, agression physique, verbale, sexuelle et psychologique, racisme, sexisme, homophobie, discrimination contre d’autres groupes) sont inacceptables. Il n’y a pas deux versions de l’histoire. L’objectif est de permettre à l’élève qui a recours à l’intimidation d’assumer la responsabilité des actes négatifs, de prendre des mesures pour réparer les dommages et d’accepter ces conséquences.
6. Faites la distinction entre une utilisation positive et négative de votre pouvoir en tant qu’adulte.
Qu’est-ce qu’une utilisation positive? Exercez un contrôle dans le but de faciliter l’apprentissage de l’élève et un sain développement. Une utilisation négative? Exercer un contrôle pour satisfaire ses propres besoins ou dans le but exprès de limiter, d’empêcher ou même de miner le sain développement de l’élève.
7. Reconnaissez qu’en définitive, c’est à l’adulte qu’il incombe de prévenir l’intimidation et de garantir la sécurité des élèves.
L’une des façons les plus efficaces de prévenir l’intimidation est de mobiliser– avec le soutien du personnel enseignant et du système– les élèves qui sont témoins d’actes d’intimidation. Elles et ils peuvent jouer un rôle crucial en soutenant les élèves qui subissent les actes et en refusant de donner du pouvoir à l’élève intimide. De petits et simples gestes de soutien de la part des pairs peuvent prendre une signification énorme pour l’enfant, l’adolescente ou l’adolescent intimidé. Cette prise de position des témoins peut grandement influencer le changement de culture à l’école, car elle crée un mouvement collectif au sein du groupe de pairs pour décourager l’intimidation. L’influence positive potentielle de ces élèves, qui sont pour la plupart dans l’école, ne déleste pas pour autant les adultes de leur responsabilité de garantir la sécurité des élèves. En outre, il est injuste de s’attendre à ce que les témoins prennent le risque d’offrir du soutien à l’élève qui subit les actes sans le soutien actif et cohérent d’adultes bien ancrés dans le système scolaire.
8. Respectez les aptitudes et les forces des enfants, des adolescentes et des adolescents, ainsi que celles des autres groupes de personnes qui subissent des injustices dans notre société en adoptant des mesures, des actions et des stratégies qui facilitent leur prise en charge.
Il existe bien des façons de promouvoir les droits des enfants, des adolescentes et des adolescents en milieu scolaire, de les aider à acquérir de nouvelles aptitudes, de renforcer leur confiance en soi et leur estime de soi et de les encourager à participer aux processus de prise de décisions et de résolution de problèmes dans les cas qui les concernent. Veuillez consulter « Des stratégies simples » pour de plus amples renseignements. Les membres de la communauté scolaire peuvent prêter une attention toute particulière à l’inclusion de différents groupes d’enfants, d’adolescentes et d’adolescents en utilisant judicieusement le code de conduite.