Des écoles où nos jeunes se sentent en sécurité, forts, fortes et libres, c’est possible! – Exemples de réussites
Nous avons mis l’accent sur les avantages des stratégies de prévention de l’intimidation axées sur la prise en charge qui visent à susciter un changement positif tout au long du module de formation du personnel enseignant. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Comment mettre fin à l’intimidation, Fournir des outils et non des règlements et Mettre l’école à contribution. Mais trois éléments doivent être présents au départ pour assurer le succès d’un programme exhaustif de prévention de l’intimidation à long terme, selon KenRigby (Stop the Bullying: A Handbook for Schools, 2001).
- Il est crucial que tous les membres de la communauté scolaire (personnel, élèves et parents) reconnaissent qu’il existe un problème d’intimidation assez important dans l’école.
- Il est aussi important que la majorité d’entre eux croient que la victimisation par les pairs à l’école peut avoir de lourdes conséquences.
- Et, enfin, il est essentiel qu’ils soient optimistes en ce qui concerne l’issue de l’application de nouvelles politiques et pratiques visant à réduire considérablement leproblème.
Pour réussir, il est impératif que tous les membres de la communauté scolaire soient prêts à faire une «introspection», en plus d’être ouverts aux changements.
Si le personnel enseignant et le personnel scolaire s’engagent à long terme dans un processus d’évaluation pour changer les attitudes, les pratiques et les comportements fortement ancrés dans les habitudes et à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies de prévention de l’intimidation, les résultats peuvent être remarquables. Voici des exemples de réussites racontés par des écoles qui se sont engagées dans un processus semblable.
- Quelques élèves d’une classe de quatrième année ont pris l’initiative de dorénavant défendre activement les jeunes qui subissent des actes d’intimidation pour aider à éliminer l’intimidation. Chaque jour, ils se promènent dans l’école pour vérifier s’il n’y a pas une ou un élève qui se sent isolé, exclu ou seul. S’ils rencontrent une ou un élève qui est seul, ils lui demandent si elle ou il a choisi d’être seul ou si elle ou il est seul parce que personne ne veut jouer avec elle ou avec lui. Si elle ou il choisit la deuxième réponse, ils l’invitent à jouer avec eux. Ces jeunes se promènent ainsi depuis plusieurs mois maintenant.
- Le film Méchantes ados, qui met en vedette des jeunes filles d’une école secondaire passées maîtres de l’intimidation, est devenu une véritable obsession pour quatre filles de sixième année. Elles ont rempli un cahier de notes comme dans le film et l’ont appelé le «burn book». Elles y ont inscrit des rumeurs au sujet du personnel enseignant, du personnel administratif et d’autres élèves. Elles avaient l’intention de faire des photocopies pour tout le monde. À la même période, on a décidé de donner des ateliers sur la prévention de l’intimidation aux élèves de l’école. C’est ce qui a incité un certain nombre de filles à informer plusieurs adultes de l’existence de ce cahier. Elles avaient peur d’en parler et voulaient de l’aide pour arrêter le groupe. Les adultes ont regardé le film pour comprendre la dynamique avant d’établir un plan d’action, qui incluait notamment des techniques de sensibilisation, en collaboration avec l’enseignante ou l’enseignant des quatre filles. L’enseignante ou l’enseignant a réussi à obtenir le cahier et à aider les filles à comprendre les conséquences de leur comportement d’une façon constructive. Les quatre filles ont remercié les adultes d’avoir adopté une approche positive au lieu de les punir, de les suspendre de l’école et de leur faire honte.
- Une élève de septième année subissait ce que l’on appelle de l’intimidation cybernétique. Sa mère était très inquiète parce que sa fille recevait souvent des menaces. L’élève a demandé l’aide d’adultes et ils ont examiné ensemble de quelle façon ils pouvaient bloquer les messages, en plus d’aider l’élève à mieux s’affirmer. Ces mesures n’ont malheureusement pas réussi à régler la situation et l’élève a dû continuer de changer constamment d’adresse de courriel. On l’a encouragée à devenir membre du comité de prévention de l’intimidation de son école pour aider à changer les mentalités à l’échelle de l’ensemble de l’école. Elle a commencé à faire un calendrier sur la prévention de l’intimidation et a suggéré de faire un concours pour les dessins mensuels qui y paraîtront. Elle a choisi les 12 dessins et a vendu le calendrier pour aider à payer les frais d’un voyage éducatif à Québec. Les autres dessins ont été affichés dans l’école sous le titre « NON À L’INTIMIDATION ». Cette fille ne subit plus d’intimidation aujourd’hui et a une opinion très positive d’elle-même. Elle est toujours un membre actif du comité!
- Un élève de neuvième année intimidait régulièrement d’autres élèves et personne ne savait comment se comporter avec lui. Par contre, tout le monde savait qu’il était lui-même intimidé par son père à la maison et qu’il avait peur de son père. Il était un excellent joueur de l’équipe de basket-ball, mais il intimidait les autres élèves de l’équipe. La première stratégie utilisée pour modifier son comportement a été de le punir en l’excluant de l’équipe. Mais il est devenu encore plus frustré et son comportement a empiré.
- À la même période, on a mis en place des ateliers sur la prévention de l’intimidation dans l’école. Le personnel a alors pris conscience que s’il continuait de le punir et de l’exclure, l’élève réagirait probablement en punissant les autres et en abusant d’eux. On a suggéré de lui donner plutôt la chance d’améliorer son comportement et d’utiliser son pouvoir d’une façon positive, par exemple en lui demandant d’entraîner d’autres élèves. Un changement positif pourrait peut-être le motiver et améliorer son estime de soi. On a aussi tenu un atelier spécial pour les parents des élèves de son année. Le personnel a ainsi eu l’occasion de rencontrer son père, d’insister sur l’importance de saines relations parent-enfant et d’enseigner différentes techniques pour éduquer positivement les enfants, comme des conseils pour résoudre les conflits et interagir d’une façon qui soutient l’enfant. Le comportement de l’élève a beaucoup changé, car sa vie était changée. Il est volontairement devenu membre du comité de prévention de l’intimidation de son école pour aider à changer positivement la culture de l’école.
- Une fille de onzième année subissait des actes d’intimidation à l’école et à la maison de la part de sa mère. Elle avait essayé de convaincre sa mère de la laisser aller à la soirée de danse de l’école, sans succès. La fille a demandé de l’aide à l’école pour pouvoir aller à la soirée. L’adulte à qui elle s’est confiée lui a demandé de faire la liste de ses qualités et de ce qu’elle aimait faire à l’école. Elle a répondu qu’elle aimait faire les annonces et choisir la musique pour la radio étudiante. Avec la permission de l’élève, l’adulte est allé parler à la direction de l’école pour vérifier si elle ne pourrait pas avoir un rôle officiel à jouer pendant la soirée de danse. La direction a répondu par l’affirmative et a écrit une lettre à sa mère pour l’informer que sa fille avait été choisie pour mettre la musique et que l’école avait vraiment besoin d’elle. La mère a donné son accord et la fille a pu participer à la soirée.
- Une élève de troisième année avait des problèmes d’élocution. Elle avait de la difficulté à bien parler et à exprimer ses besoins. Elle était intimidée par les autres élèves de la classe à cause de ce problème. Les enfants riaient d’elle. Elle a commencé à jouer avec des enfants de première année. Elle a fini par demander de l’aide et par parler de son problème: elle n’aimait pas l’école et personne dans sa classe ne voulait jouer avec elle. L’adulte lui a demandé s’il y avait une personne qui était gentille avec elle. Elle a nommé une fille de sa classe. Comme elle avait de la difficulté à parler, l’adulte l’a encouragée à lui écrire une lettre pour lui demander de jouer avec elle tout en respectant le droit de l’autre enfant de refuser. L’adulte a ensuite parlé de la situation à l’enseignante ou à l’enseignant de la petite fille qui s’est avérée très coopérative. L’adulte a encouragé l’enseignante ou l’enseignant à être à l’écoute de la fille. Petit à petit, l’élève a noué une grande amitié et les actes d’intimidation ont diminué.