La croyance selon laquelle l’apathie et l’individualisme sont monnaie courante teinte tous nos efforts pour mobiliser les parents d’un sentiment de défaite fataliste. Il importe de creuser plus loin pour toucher les fibres de la compassion, de la bienveillance et de l’engagement qui se cachent souvent dans le fond.
Les parents pensent peut-être que « l’intimidation ne les concerne pas », parce que leur enfant n’est ni la cible ni la principale source de l'intimidation. Ils ne savent peut-être pas que leur enfant peut sans le vouloir encourager la personne qui a recours à l’intimidation si elle ou il est un témoin silencieux. Ils ne comprennent peut-être pas que de simples gestes de la part d’un témoin peuvent transformer la situation du tout au tout. La première étape à suivre pour susciter l’intérêt et l’engagement autour de ces questions consiste à sensibiliser les parents à la dynamique du pouvoir entrant en jeu dans les situations d’intimidation.
Parmi la multitude de parents qui montrent un intérêt, celles et ceux qui ont des aptitudes en leadership se démarqueront du groupe. Les leaders sont les personnes ayant à cœur le bien-être de la communauté scolaire. Même si leur première intervention peut résulter d’un souci pour leur enfant, ils se verront subséquemment poussés par l’objectif global de soutenir la communauté scolaire dans son ensemble. Les responsables des écoles peuvent trouver bien des façons de galvaniser les parents, en fonction de leurs préoccupations et de leurs intérêts.
Les premières manifestations de la volonté de jouer un rôle peuvent se traduire par de simples questions ou expressions d’un intérêt quelconque. Un parent peut toucher la sensibilité de l’ensemble de la communauté simplement en posant des questions. Notre réaction positive encouragera cette impulsion chez le parent.
Si un parent montre de l’intérêt par rapport à une activité, à un groupe de discussion ou à une initiative tournant autour de l’équité, de l’inclusion ou de la prévention de l’intimidation, cela peut servir comme catalyseur d’une action collective. La prise en charge de l’initiative afin d’en assurer la réalisation viendra vraisemblablement de cette personne ou d’un petit groupe de parents. Cet engagement influencera et mobilisera les autres parents. Les activités ou les programmes initiés par les écoles produisent des effets moindres comparés à ceux qui sont initiés par des parents. Les écoles peuvent avoir une certaine idée de départ, mais l’intérêt des parents en suscitera l’exécution.
L’outil de résolution de problèmes du COPA pour favoriser la prise en charge donne la démarche qui assurera la pleine participation des parents dans la conception et la mise sur pied de l’initiative. (Voir Résolution de problèmes.)
Il va sans dire que les écoles doivent composer avec une multitude de contraintes financières et bureaucratiques. Elles auront donc à en tenir compte dans leur processus de planification tout en prêtant oreille aux points de vue des parents.
Les stratégies mentionnées ci-dessous peuvent aider les écoles à encourager la manifestation du leadership et de l’engagement des parents pour véhiculer les notions de sécurité et d’inclusion dans la culture scolaire:
Obtenir le plein engagement des leaders actifs parmi les parents et leur donner tous les outils nécessaires en leur fournissant de l’information transparente au sujet des forces, des ressources, des capacités, des limites et des enjeux de l’école.
Si des parents se montrent particulièrement exigeants ou ont des attentes irréalistes, nous pourrions canaliser cette énergie en un rôle de leadership. Au lieu de bloquer, d’écarter ou de contenir leur motivation, nous pouvons chercher à les faire participer d’une manière positive. Plus les parents comprennent les limites, les défis et la réalité de l’école (ainsi que ses forces, ses ressources et ses capacités), moins ils auront tendance à s’y opposer. En les invitant à l’école et en leur donnant les conseils et l’information utiles, nous pouvons aider à transformer les personnes problématiques mais énergiques en leaders dynamiques.
Donner aux parents et au personnel de l’école des modèles de collaboration positifs axés sur le partage du leadership.
Beaucoup d’entre nous n’avons pas grandi avec des images et des modèles de parents jouant un rôle actif au sein des écoles. C’est pourquoi les responsables des écoles peuvent chercher des façons de mettre en valeur les parents se révélant des modèles de leadership positif. Ils pourront ainsi renforcer le concept que l’initiative et l’orientation proviennent à la fois de la maison et de l’école. Par exemple :
- demander à une enseignante ou à un enseignant de coprésider un comité sur la sécurité dans les écoles avec un parent.
Faire participer les parents à des activités qui donneront des résultats tangibles.
Les parents se sentiront motivés et valorisés s’ils peuvent clairement percevoir et comprendre les résultats produits par leurs efforts.
En général, les gens ont besoin d’avoir la conviction qu’ils travaillent à des buts atteignables, non pas dans le vide.
Démystifier le rôle de l’école en le décortiquant en petites étapes réalisables.
Dans tout groupe de personnes ou établissement, on observe souvent une personne ou un petit groupe de personnes s’occuper de la majeure partie du travail et des responsabilités. Voilà pourquoi dans nos petites collectivités franco-ontariennes, on entend souvent parler du « syndrome TLM » (toujours les mêmes). Bien que l’on puisse ressentir du soulagement et de la reconnaissance de voir des personnes aussi fiables et dévouées, cela ne va pas sans conséquence négative.
Les personnes qui s’acharnent à la tâche risquent de s’épuiser. En outre, les parents qui se sentent incapables d’en faire autant risquent de se sentir mal à l’aise et d’hésiter à participer en sachant qu’ils ne pourront pas contribuer autant que cela semble nécessaire. Il importe de leur préciser que toute contribution, aussi infime soit-elle, a sa valeur et son importance. Par exemple :
- durant le processus de planification, nous pouvons découper les phases en petites étapes et en petites contributions.