Malgré l’attention accrue que portent les médias et le public à l’intimidation et à la discrimination à l’école, de nombreux parents n’ont pas nécessairement des renseignements exacts et réalistes sur ces questions. Ils peuvent par exemple manquer d’information sur les phénomènes de la cyberintimidation et du sextage. Ils croient (et espèrent) peut-être que, si leur enfant est dans sa chambre à la maison, elle ou il est en sécurité et se conduit bien (en train de faire ses devoirs).
En outre, les parents peuvent confondre l’intimidation avec le conflit, se portant à la défense de leur enfant qui arrive de l’école frustré et en pleurs à la suite de ce qui est en réalité un conflit plutôt que de l’intimidation.
Une élève se dispute avec sa meilleure amie. Les deux échangent des propos assez enflammés. La première est très bouleversée et, à la fin de la journée, monte dans l’autobus scolaire en pleurs. Le lendemain, son tuteur arrive dans la salle de classe et confronte l’enseignante lui disant que sa fille a été intimidée.
Un élève ayant un problème de comportement a beaucoup d’énergie. Il est porté à s’ennuyer dans la salle de classe et, lorsque cela arrive, il s’énerve et s’en prend à d’autres élèves. Le parent d’un des élèves vient parler à l’enseignant lui disant que son fils se fait intimider par l’élève en question.
Une élève du secondaire fait des blagues avec ses amies sur un ton sarcastique. Elle est surprise de voir qu’une de ses amies semble offensée. Elle s’excuse auprès d’elle. Le lendemain soir, son père lui signale que le personnel de l’école l’a informé que les parents de son amie se sont plaints que leur fille avait été intimidée.
Lorsque les parents manquent d’information et n’ont pas une définition claire de l’intimidation, cela risque d’entraîner de la confusion et faire naître un sentiment d’injustice. Une personne qui en intimide une autre le fait avec l’intention de se montrer cruelle et de blesser. Cette notion de cruauté intentionnelle est la clé pour bien comprendre en quoi consiste l’intimidation.
Les parents peuvent également considérer l’intimidation ou le harcèlement comme étant une chose normale ou en minimiser la portée. Pour un grand nombre d’entre eux, cela peut avoir un lien avec leur propre vécu. (Voir Attitudes et croyances). Certains peuvent consciemment ou inconsciemment avoir une vision fondée sur une version quelconque de la « loi de la jungle ». Les tenants de cette philosophie divisent les personnes en deux groupes : les faibles et les forts. Les élèves qui en intimident d’autres sont ainsi perçus comme étant des personnes dominantes et fortes, alors que ceux qui se font intimider sont perçus comme étant faibles. Certains parents peuvent se montrer fiers de leur enfant « dominant » ou avoir honte de leur enfant « faible ».
Les parents qui adoptent cette vision peuvent réagir de la façon suivante :
- « Quel est le problème? C’est dans sa nature d’être agressive. »
- « C’est normal que les enfants se disputent de temps en temps. Il a simplement utilisé son téléphone à elle. Je ne vois pas le problème. »
- (En s’adressant à l’enfant) : « Ne t’en fais pas. Tu es fort toi aussi. Tu peux le battre. »
- « C’est la vie. Il doit simplement apprendre à se défendre. »
Lorsque les parents perçoivent l’intimidation et les iniquités comme étant des problèmes individuels qui n’ont rien à voir avec la culture, les relations et la communauté scolaires, ils sont plus susceptibles d’avoir honte, de se blâmer et d’avoir peur que l’on critique et juge leurs compétences parentales. La diabolisation générale des « intimidateurs » dans les médias, les préjugés liés à la « timidité » et au caractère introverti de certains enfants sont des exemples d’attitudes et d’informations fausses par rapport à l’intimidation qui peuvent entraîner des sentiments de honte si l’enfant est impliqué dans une situation d’intimidation.
Certains parents peuvent se sentir pris au dépourvu devant le fait que leur enfant est impliqué dans une situation d’intimidation, peu importe le rôle joué. La plupart d’entre eux n’ont probablement pas reçu de formation par laquelle ils auraient acquis les connaissances, les compétences et les outils pour les aider à soutenir leur enfant.