Comme nous le savons, quand des élèves éprouvent des difficultés en classe ou à l’école, c’est peut-être le signe d’un problème à la maison. Le problème peut provenir d’un stress quelconque ou d’une difficulté vécue par les parents ou par l’enfant ou l’adolescent.e. (Pour lire des exemples, voir Comprendre les parents.) Par exemple, les élèves ayant recours à l’intimidation peuvent dans certains cas extérioriser ou exprimer sous forme d’agression un stress vécu.
La violence ou la négligence des parents peuvent expliquer ou non les problèmes vécus par les élèves à l’école. Il importe toutefois de ne pas présumer ou de sauter aux conclusions, mais de rester alerte à la possibilité. Il arrive parfois qu’un contact avec un parent fasse naître un soupçon quant à la violence ou à la négligence vécue par notre élève, ou encore le renforcer.
Si, comme enseignantes ou enseignants, nous nous rendons compte que des élèves subissent peut-être une négligence quelconque, il est important de garder à l’esprit les réalités et les difficultés structurelles que vivent un grand nombre de familles.
Une élève de 9e année arrive parfois à l’école sans son lunch. Sa famille vient à peine d’arriver au Canada et ses parents doivent tous les deux jongler avec trois emplois. Un jour, son enseignante l’approche pour s’informer de la situation. Il se trouve que les parents avaient demandé à leur fille de préparer son propre lunch tous les jours. L’élève mentionne qu’elle n’a tout « simplement pas eu le temps » de le faire à quelques reprises dernièrement.
Nous n’avons pas à avoir la certitude qu’une personne de moins de 16 ans subit de la violence ou de la négligence pour en faire rapport à une société d’aide à l’enfance (SAE) (l’organisme responsable du bien-être des enfants en Ontario). Toute personne vivant en Ontario a la responsabilité conformément à la loi de signaler une situation de violence ou de négligence, non seulement si elle en a la certitude, mais aussi si elle soupçonne la présence de violence. La loi nous impose de signaler la situation nous-mêmes et de ne pas déléguer cette obligation à une tierce partie. En tant que membres du personnel enseignant, nous avons une responsabilité accrue à cet égard en raison de nos contacts étroits et quotidiens avec les élèves. Si nous n’arrivons pas à déterminer s’il s’agit d’une situation à signaler ou non, nous pouvons appeler la SAE pour consulter une personne spécialisée en la matière, ou demander conseil à notre représentant syndical.
Si nous nous rendons compte qu’un parent a recours à la punition corporelle pour discipliner son enfant, nous pouvons aborder la situation en gardant à l’esprit que cette méthode d’éducation revêt bien des significations. Les parents manquent parfois du soutien, de l’information et des compétences nécessaires pour employer des mesures disciplinaires plus positives. Par ailleurs, dans bien des cultures, les gens ont des points de vue divergents quant à cette forme de punition. Il est possible aussi qu’ils ne connaissent pas les lois canadiennes pertinentes.Le recours à la punition corporelle n’est pas nécessairement un indicateur de violence intentionnelle envers une jeune personne. Il faudra tout de même en faire rapport à la SAE, l’organe responsable d’évaluer la situation et le besoin de protection.
Pour en savoir plus sur notre devoir de faire rapport et des signes de violence et de négligence possibles envers des enfants ou des adolescent.e.s, consultez le site Web du ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse, à l’adresse children.gov.on.ca/htdocs/French/index.aspx, cliquez sur le thème « Aide à l’enfance », puis sur « Signaler la négligence et les mauvais traitements à l’égard des enfants ».