Il existe une façon d’interagir avec les élèves qui fait partie d’une éducation démocratique. Je ne m’attends jamais à ce que les jeunes fassent ce que je leur dis, simplement parce que je leur ai demandé de le faire. Je suis aussi prêt à tout moment de donner une raison pour tout ce que je demande aux jeunes de faire. C’est une façon d’interagir qui est moins hiérarchique.
Nous avons toutes et tous vécu des moments où les élèves se replient sur elles-mêmes ou eux-mêmes en réaction à l’autorité des adultes. Bien que les jeunes se conforment aux demandes des adultes, elles et ils se désengagent du processus. Parallèlement, faire preuve de trop de laxisme en reniant ou en abandonnant notre autorité est tout aussi inutile et peut même être dommageable pour les élèves dans certains cas.
Il arrive que nous ayons à utiliser notre pouvoir en tant qu’adultes pour imposer des limites ou établir un règlement qui se révèle nécessaire. Utiliser notre pouvoir de façon positive signifie faire preuve de respect, de responsabilité, de transparence et d’authenticité. Cela signifie transférer le plus de pouvoir possible aux élèves (en sachant qu’au bout du compte nous retenons toujours notre pouvoir en tant qu’adultes).
Lorsque nous tentons de partager notre pouvoir avec les élèves des Premières nations, métis et inuits, il est particulièrement important d’aborder la situation comme partenaires, et non comme symboles d’autorité. De cette façon, nous arriverons graduellement à contrer les nombreuses années d’oppression et d’agression qui s’inscrivent dans leur expérience collective.
Si vous voulez que les élèves aient un sens d’autonomisation, ils doivent savoir qu’ils exercent une certaine influence. La seule façon de le faire est tout d’abord de définir collectivement – les adultes et les élèves de l’école – ce que cela signifie pour nous. Si nous voulons une communauté scolaire sécuritaire, équitable, encourageante et démocratique, à quoi ressemble-t-elle? Nous devons décider ensemble ce que nous défendons.
Le vrai partage du pouvoir exige une grande clarté et une prise de conscience de la part des adultes. Il existe de nombreuses façons indirectes et invisibles d’exercer notre pouvoir. Les jeunes sont attentifs à tout signe d’hypocrisie ou de manipulation de notre part.
Le partage du pouvoir est à la fois une position éthique et une norme professionnelle que nous nous imposons. Il découle de notre conviction sincère en la capacité des jeunes et de la véritable valeur que nous accordons en toute sincérité à leurs opinions et à leurs perceptions. Il requiert que nous fusionnons les sphères personnelle et professionnelle de notre vie et de notre personne (tout en maintenant des limites appropriées) afin de présenter notre « soi » complet, entier et profond au travail. C’est seulement à ce moment-là que nous pouvons percevoir nos élèves comme étant aussi des personnes à part entière et respecter leur dignité et leur humanité.