Nous perdons la confiance des élèves lorsque nous demandons leur opinion, mais ne faisons rien par la suite avec l’information reçue. Nous invitons les élèves à s’assoir à la table et à donner leur opinion, ou nous menons un sondage auprès des jeunes, mais nous ne donnons pas suite aux renseignements recueillis. Il est important que les élèves découvrent leur voix en action, s’aperçoivent que les gens réagissent à leur contribution. Si elles ou ils se rendent compte que l’on fait un suivi, cela les encourage à continuer. Si elles et ils ont l’impression que nous ne les écoutons pas, alors les jeunes se replient sur elles-mêmes et eux-mêmes. Les gestes sont plus importants que les paroles.
Parfois, il règne à l’école une méfiance envers les adultes en raison des expériences passées. Et cette méfiance peut s’enraciner. Clairement, cela pose d’importants défis pour les éducatrices et les éducateurs engagés à développer le caractère des jeunes par l’entremise de l’autonomisation.
Il est important de se rappeler que les liens de confiance se forgent à l’aide d’un processus et non d’une seule activité. Cela prend du temps et de nombreuses expériences positives pour que les élèves arrivent à croire que les adultes sont dignes de confiance. Les jeunes se rendent compte de l’hypocrisie des adultes, comme le deux poids, deux mesures, ou les consultations qui ne mènent à rien. Lorsque nous nous affirmons défenseuses et défenseurs de l’autonomisation des jeunes, nous devons joindre le geste à la parole. Nous devons nous efforcer constamment de respecter les normes que nous avons établies et faire preuve d’honnêteté et d’humilité si nous faisons des erreurs ou si nous dérapons.
Joindre le geste à la parole dans ce contexte signifie rester fidèle à la vision du partage du pouvoir en prenant des décisions ensemble et en faisant preuve de responsabilité, de transparence et d’authenticité. En agissant constamment avec intégrité, tous les jours, nous créons progressivement la base d’une relation fondée sur la confiance.
En ce qui concerne les élèves des Premières nations, métis et inuits, établir des liens de confiance peut prendre des générations compte tenu des agressions et de l’oppression vécues dans le système d’éducation par les membres de ces collectivités. Nous pouvons lancer ce processus aujourd’hui en agissant comme des allié.e.s au lieu de figures d’autorité.
Un des éléments indispensables à la formation de liens de confiance est d’assurer la sécurité des élèves – une condition préalable à l’apprentissage et à l’autonomisation. C’est seulement lorsque les élèves se sentent en sécurité (et fortes et forts!), qu’elles et ils se sentiront libres d’être elles-mêmes et eux-mêmes, poser des questions et exprimer pleinement ce qu’elles et ils ont dans la tête et dans le cœur.
Afin d’établir une relation de confiance avec les élèves qui se sentent aliénés or désengagés, nous devons sans cesse et de façon créative leur tendre la main et les inviter à nous parler. Il s’agit là du travail préparatoire graduel servant à forger des relations, jusqu’à ce que nous réussissions à gagner leur confiance et leur respect.