Un important aspect du développement du caractère en ayant recours aux principes de l’autonomisation est l’engagement communautaire. Au fur et à mesure que les jeunes prennent conscience de leur entourage et établissent des liens avec la collectivité, elles et ils ont la possibilité de développer d’importants traits de caractère comme l’empathie, le sens de la responsabilité et le respect des différences. Du point de vue du long terme, l’autonomisation n’aide pas seulement les membres des groupes marginalisés à regagner leur pouvoir personnel et social, mais favorise aussi l’utilisation positive et responsable de ce pouvoir.
Dans notre collectivité, nous avons fait des campagnes de sensibilisation à l’intimidation. Nous avons jumelé des propriétaires de magasins du centre-ville à des petits groupes de jeunes de diverses écoles. Les élèves ont uni leurs efforts pour créer une vitrine. Les jeunes ont mis en commun les données recueillies à partir de sondages menés dans leur école respective pour éclairer le contenu des messages qu’elles et ils voulaient transmettre et faire comprendre à la collectivité. Il s’agissait d’information sur le pourcentage d’élèves qui sont la cible d’intimidation ainsi que sur les jeunes qui interviennent dans ces situations ou prennent part à cette forme d’agression. Les élèves ont fourni des statistiques et des stratégies sur les réactions à privilégier en cas d’intimidation. Les membres du personnel enseignant n’ont joué aucun rôle dans ce projet. Les élèves ont travaillé directement avec les commerçants. L’expérience était donc réelle et pertinente, non seulement théorique. Dans ce type d’expérience, la théorie est mise en pratique.
En s’informant sur les enjeux sociaux comme l’iniquité et l’exclusion dans leur propre collectivité et en participant à des initiatives visant à traiter de ces questions, les élèves apprennent à canaliser leur pouvoir de façon constructive et compatissante et à se préparer à leur rôle futur de citoyennes et citoyens. Les élèves des groupes marginalisés peuvent consolider ou renforcer leur identité en s’engageant auprès de leur culture, collectivité ou groupe de population. Pour les écoles francophones en milieu minoritaire, les lieux communautaires franco-ontariens constituent des partenaires clés permettant de développer le sens d’appartenance communautaire et à consolider l’identité francophone de leurs élèves.
Les partenariats conduisant essentiellement à la mise en place des projets scolaires-communautaires permettent de consolider les apprentissages réalisés à l’école et de renforcer chez les élèves le sentiment d’appartenance à la communauté d’expression française ainsi que le désir d’affirmation culturelle.
Et les élèves qui ont l’impression que leur situation de pauvreté et d’exclusion sociale limite leur potentiel sont exposés à de nouvelles possibilités.
En élargissant notre vision de la collectivité pour inclure la communauté humaine globale, nous contribuons à enrichir la compréhension des élèves et à accroître leur sentiment de compassion. Nous pouvons présenter des initiatives et des sujets sur l’équité et l’inclusion de partout au monde. Il serait toutefois important d’éviter un des pièges potentiels de cette approche, c’est-à-dire se concentrer uniquement sur les problèmes sociaux d’autres pays, et ne pas tenir compte de l’injustice qui sévit dans le nôtre.
Les initiatives menées par la communauté scolaire qui visent à créer des liens avec un groupe culturel ou social en particulier ne bénéficient pas seulement aux élèves de ces groupes, mais aux autres jeunes également. En s’apercevant que leurs pairs acceptent leurs expériences et leur identité et en tiennent compte, les élèves des groupes marginalisés développent une plus grande fierté et une meilleure acceptation de leur propre identité. En sollicitant la contribution des membres des collectivités marginalisées, les éducatrices et les éducateurs sont en mesure d’inviter ces divers groupes à prendre part aux discussions et aux activités en salle de classe sans se voir obligés de parler en leur nom.
Cet équilibre peut être très délicat à atteindre. Par exemple, dans le Cadre d’élaboration des politiques de l’Ontario en éducation des Premières nations, des Métis et des Inuit (sic), on énonce la vision suivante : Tous les élèves de l’Ontario ont une connaissance et une compréhension des traditions, de la culture et des perspectives traditionnelles et contemporaines des Premières nations, des Métis et des Inuit. (sic) (p. 7). Nous avons le mandat explicite du Ministère de faire découvrir aux élèves l’histoire et les cultures autochtones du Canada et de mieux les renseigner à ce sujet. Il est donc important d’avoir les outils nécessaires pour le faire. Nous devons peut-être nous poser la question suivante : « Quelle réflexion dois-je faire ou quels outils dois-je avoir pour m’acquitter de cette importante responsabilité? »
La Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario ainsi que ses filiales – AEFO, OECTA, FEEO, FEESO - disposent de diverses ressources destinées aux membres du personnel enseignant désireux de renforcer leur capacité et leurs connaissances à ce sujet.