Avant de commencer à discuter de l’autonomisation des jeunes et de son lien avec le développement du caractère et de l’engagement identitaire francophone, nous devons reconnaître les répercussions profondes des barrières sociales qui nuisent à l’engagement des jeunes.
Tout d’abord, il est important de reconnaître que dans le milieu scolaire franco-ontarien, tous les élèves (ainsi que le personnel et les familles) vivent de la marginalisation par le fait même d’être francophone et d’assister à une école de langue française. Par définition, dans une école francophone on fait face à la marginalisation face au système scolaire, et à la société anglophone dominante. Le projet éducatif de langue française consiste en des stratégies pour surmonter et contourner les impacts de cette marginalisation.
Ceci dit, nous devons convenir du fait que les élèves qui réussissent le plus souvent à l’école sont les élèves qui bénéficient de diverses formes de privilèges. Surmonter, atténuer ou, à tout le moins, reconnaître les barrières sociales auxquelles font face bon nombre d’élèves marginalisés est un important point de départ dans le travail que nous nous proposons d’accomplir.
Nous avons toutes et tous remarqué des élèves dans nos salles de classe ou dans l’école qui semblent fatigués, blasés, effacés, agités, hostiles ou indifférents. Nous observons aussi souvent que certains élèves sont toujours prêts à assumer un rôle de leadership alors que d’autres évitent à tout prix de le faire. Nous nous efforçons, parfois sans succès, de susciter l’intérêt ou l’engagement des jeunes qui semblent déconnectés de la vie scolaire. Nous savons presque toutes et tous qu’à l’extérieur de l’école (et souvent même à l’intérieur de ses murs), ces élèves ont à surmonter de nombreux problèmes.
La diversité enrichissante et stimulante que nous avons la chance de célébrer à l’école est souvent accompagnée de circonstances difficiles et pénibles pour un grand nombre d’élèves. En raison de divers facteurs sociaux, les élèves marginalisés sont souvent aux prises avec des problèmes qui les empêchent de s’engager pleinement dans leurs études ou dans leur vie scolaire. En raison de ces barrières, la voix de nos élèves marginalisés est parfois celle qui est la plus difficile à entendre.